Le Réseau d’Intellectuels, Artistes et Mouvements Sociaux pour la Défense de l’Humanité alerte la communauté internationale, en particulier les instances internationales et les défenseurs des droits et de la démocratie, sur les graves violations des droits de l’homme et des droits collectifs qui ont été constatés en Equateur, après la déclaration de l’état d’urgence par le président Morena, pour une période de 60 jours.
Cette déclaration, manifestement motivée par la décision gouvernementale de progresser dans la refonte néolibérale de l’Etat et de respecter un accord anticonstitutionnel avec le FMI, place le pays dans une situation de profil dictatorial, en suspendant les droits d’association, de mobilisation et autres droits fondamentaux, en rendant possibles des actions des forces armées et de police hors de leurs domaines habituels, et en permettant des attributions supplémentaires, ainsi que des utilisations non prévues du budget public et de l’infrastructure stratégique de l’Etat.
Nous sommes préoccupés par l’ampleur de la violente répression policière et militaire déclenchée : le bilan d’une seule journée de mobilisations citoyennes pacifiques (03/10/2019), est de plus de trois cents personnes arrêtées, de nombreux blessés et un pays militarisé, d’autant plus qu’il s’agit d’un Etat qui se reconnait constitutionnellement comme un pays souverain et de paix.
Nous mettons également en garde contre le déploiement d’une campagne médiatique intensive visant à criminaliser les mobilisations, associer les revendications à des délits, et diaboliser les leaders politiques et les personnes qui défendent la souveraineté ou qui expriment des idées contraires au néolibéralisme. Les déclarations publiques de criminalisation et de haine contre l’activisme du mouvement Revolución Ciudadana portent atteinte aux droits politiques d’un militantisme de grande envergure de la principale force politique du pays.
Nous appelons ainsi au retour urgent aux institutions démocratiques en Equateur, à l’abrogation immédiate de l’état d’urgence et au respect du droit légitime du peuple à l’expression, à la défense de ses droits et de la souveraineté du pays.
Nous alertons le Secrétaire Général des Nations Unies sur la violation de la démocratie et des droits humains en Equateur.
Nous appelons la Haut-Commissaire des Nations-Unies aux Droits de l’Homme, ainsi que le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, à déployer toutes les possibilités que cet important mécanisme multilatéral permet.
Nous appelons toutes les instances internationales et les défenseurs des droits et de la démocratie à exprimer en urgence leur soutien à la démocratie en Equateur et à condamner la violente répression qui frappe le peuple à l’échelle nationale et qui pourrait donner lieu à un bain de sang dont la responsabilité incomberait au gouvernement de Lenin Moreno.
4 Octobre 2019, Réseau pour la Défense de l’Humanité.